« Un vin a la gueule de l’endroit où il est né, et les tripes du bonhomme qui l’a fait. » Rarement cette expression n’avait trouvé une si parfaite résonance, dans notre esprit et sur nos papilles. Le mérite en revient à Jérôme Guichard.L
L’histoire commence en 2011 lorsque Jérôme reprend les terres de Guy Blanchard, ou plus exactement, lorsque Guy Blanchard désigne son héritier. Et quel héritage ! … Ceux qui ont déjà eu la chance de goûter quelques cuvées de Guy Blanchard savent le privilège dont on parle. Il faut dire que le bonhomme présentait toutes les prédispositions requises après avoir passé une dizaine d’année aux côtés de Philippe Jambon, et partagé des moments d’expérience auprès de pointures telles que Gérard Valette. Excusez du peu !
En véritable passionné de la terre qu’il est, Jérôme cultive les 3,8 hectares de son domaine en bio (quelle surprise !), les yeux rivés sur la lune (évidemment !). La superficie se répartit en 2,2 hectares de Chardonnay (1,70 hectares sur la commune de Montbellet ; 0,50 hectares sur la commune de Viré), et 1,5 hectares de Gamay sur la commune de Leynes, un peu plus au sud. Ce sont pour la plupart de vieilles vignes dont certaines ont 90 ans.
Un travail sans concession effectué parfois sur des coteaux très inclinés, le plus souvent à la pioche par manque d’équipement adapté : labourage des sols, débutage, tailles de la vigne selon Guyot-Poussard pour préserver les bois et améliorer sa longévité, traitement des maladies avec des tisanes de plantes, aucun engrais ni produit chimique …
Minimaliste, patient et inspiré. Ainsi pourrait-on résumer l’approche du travail de cave de Jérôme. Se souvenant des conseils avisés de Philippe Jambon en la matière, il élève ses vins en suivant patiemment son inspiration et sa sensibilité. Car pour faire des vins à son image, il est préférable selon lui de ne pas trop écouter les sirènes des fonds de cave. Point de « neuneu-logue » donc.
Il en résulte des vins sans artifice, et notamment sans aucun usage de SO2. Seul le temps vient ici ou là corriger les vieilles barriques en souffrance. Et ça marche !
La toute petite cave du domaine regorge de jus plus surprenants les uns que les autres. Chaque barrique enferme une cuvée parcellaire d’un millésime plus ou moins reculé : un vin d’montbled 2015 par ici, un Bouchat 2014 par là, une Perrières 2012 au milieu, quelques pièces en macération longue un peu plus loin, et même une Solera cachée tout en dessous. L’inspiration de Jérôme est sans limite, et le temps semble être le seul maître du jeu. Ne lui demandez donc pas quand il prévoit de faire ses mises en bouteilles … l’homme au regard malicieux vous répondra inlassablement : « un jour, on verra. »