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Mouscaillo, l’Agroécologie des Vins

Situé sur le terroir de Roquetaillade (Limoux), le Domaine de Mouscaillo est un domaine familial créé en 2004 par Marie-Claire et Pierre FORT. Aujourd’hui, ce sont Camille, Thomas et Frédéric qui tiennent les rênes de ces 7 hectares de vignes, perchés sur les contreforts des Pyrénées Audoises. Un domaine conduit en Agroécologie, sur un terroir d’altitude, pour des vins atypiques du Languedoc, au fort potentiel de garde.

Roquetaillade, terroir d’altitude

Sur les contreforts des Pyrénées, adossé à une falaise calcaire, Roquetaillade est un petit village qui se démarque du reste du Languedoc par sa surprenante fraîcheur. On y trouve un véritable carrefour climatique : les entrées Méditerranéennes, atténuées par les Corbières, se mêlent aux influences Atlantiques, le tout tempéré par la fraîcheur venue des Pyrénées.

Les paysages y sont anciens : les roches calcaires datent de l’Yprésien, soit 54 millions d’années. Témoins d’un ancienne mer, une multitude de fossiles marins aux noms poétiques parsèment ces marnes et ces calcaires : Turritella figolina, Assilina leymerei, Nummulites couizensis, Nummulites exilis Alveolina cucumiformis, Operculina subgranulosa, Turritella trempina, …

Les sols y sont profonds : les argilo-calcaires agissent comme de véritables éponges, retenant l’eau et maintenant une certaine humidité dans le sol. La vigne n’y souffre donc pas de la sécheresse.

Des vignes tenues dans le respect du terroir

Le but recherché par le domaine Mouscaillo est que toute l’expression du terroir de Roquetaillade puisse se retrouver dans les vins. Cela passe en toute évidence par la préservation du terroir, des écosystèmes naturels et agricoles dans le paysage. Le travail s’effectue selon des préceptes d’agroécologie. Faire en sorte que les vignes puissent durer aussi longtemps que possible : respect des courants de sève lors de la taille, complantassions, lutte contre les maladies du bois …

Une vidéo pour en savoir davantage : https://youtu.be/M8Prsi70-f8

Finalement, l’obtention de raisins sains et de qualité permet au domaine Mouscaillo de travailler à la cave aussi simplement que possible, sans ajouter d’artifices aux vins.

Mouscaillo, une famille de vignerons de caractère

Pierre et Marie-Claire Fort sont originaires de Roquetaillade et ont travaillé dans les vignes familiales durant leur jeunesse. Contraints de quitter la région limouxine lors de la crise viticole des années 80, ils travaillent dans d’autres domaines un peu partout en France.

Ils passent notamment plusieurs années dans la vallée de la Loire, où ils s’essaient à la vinification des blancs. En y rencontrant Didier Dagueneau,qui les pousse à revenir à leur terroir d’origine et à reprendre les vignes familiales. C’est en 2004 qu’ils sautent le pas et créent le Domaine de Mouscaillo, à partir de seulement 4 hectares de Chardonnay.

Puis en 2017, Camille et Thomas (la belle-fille et le fils), qui travaillaient alors à l’INRA, décident de plaquer le monde de la recherche en écologie pour revenir sur l’exploitation. Depuis 2020, ceux sont eux qui gèrent le domaine : Pierre et Marie-Claire ont pris leur “retraite” (ils ont déniché une petite vigne à Banyuls, où ils vinifient du Collioure Rouge et Blanc).

Camille et Thomas travaillent aussi avec Frédéric, leur beau-frère, qui était boucher-charcutier dans le Jura. L’histoire de Mouscaillo s’est finalement construite sur de nombreux changements de vie !

Qu’est-ce que l’agroécologie ?

Les études en écologie effectuées par Thomas et Camille les poussent à chercher les meilleurs moyens de préserver l’environnement et le terroir. Tout en ayant des vignes en bonne santé.

Pour cela, ils évitent de faire du réductionnisme et essayent d’avoir une approche holistique. Au lieu de chercher une solution unique à un problème, ils tiennent compte de la complexité du système, et travaillent sur une multitude de leviers différents.

L’agroécologie donne ainsi une vision globale qui prend en compte autant les dimensions agricoles, agronomiques, œnologiques, sociales, sanitaires, …

Mouscaillo et les labels

Ne cherchez pas de labels au domaine de Mouscaillo. Le choix a été volontairement fait de ne pas s’enfermer dans des cahiers des charges nationaux voire européens. Ces derniersi ne tiennent pas compte de la diversité des terroirs, ni des caractéristiques qui sont propres à chacun de ces terroirs.

Pour soigner au mieux les vignes et protéger l’environnement, il est nécessaire de se remettre en question systématiquement. Chaque année est différente de la précédente et demande une réflexion nouvelle. Cela passe par la discussion avec d’autres vignerons, et la prise en compte de l’avancée des connaissances issues de la recherche scientifique. De nombreux tests sont effectués, le tout dans le but de ne jamais considérer les pratiques comme acquises.

L’ensemble de ces pratiques sont régulièrement vérifiées par un organisme indépendant, qui délivre la certification Haute Valeur Environnementale (HVE III).

Quelques photos du domaine Mouscaillo

Qu’est-ce qui est concrètement fait au domaine Mouscaillo ?

Voici une liste non exhaustive des différentes actions entreprise au domaine Mouscaillo. Ces pratiques sont toutes interconnectées : c’est l’ensemble qui permet, à terme, d’atteindre les objectifs fixés.

Objectif agroécologiqueActions
Reconstruire des corridors écologiques et éviter la fragmentation des habitats– Restauration et entretien de haies
Limiter les flux vers les écosystèmes voisins– Maintien des bandes enherbées et haies en bordure de parcelle
Préserver de la biodiversité d’espèces et d’habitats– Conservation d’une diversité d’habitats dans le paysage environnant : forêts, prairies, zones humides…
– Aménagement de refuges pour la petite faune (chiroptères, coléoptères, arachnides, …)
Limiter l’érosion des sols– Enherbement naturel et semi-naturel en inter-rang
– Entretien des haies et des bordures de parcelles
Restaurer une flore locale plus diversifiée en inter-rangs– Pas de désherbage chimique
Réduire la quantité de produits phytosanitaires– Diminution des doses de produits phytosanitaires, qu’ils soient naturels ou de synthèse
– Surveillance des cycles de vie des pathogènes et ravageurs
– Modélisation des attaques de ravageurs et de parasites sur la vigne.
– Utilisation de biocontrôles (pièges à phéromones, stimulateurs de défenses naturelles)
– Suivi et maintien des populations d’auxiliaires de la vigne (chiroptères, acariens, araignées, coléoptères, …)
Réduire la pollution organique– Pas d’apport massif d’engrais : apport très localisé, uniquement si nécessaire
– Semis de plantes en inter-rangs servant d’engrais verts
Réduire les risques en terme de santé humaine– Aucune utilisation de produit classés CMR (Cancérigène Mutagène Reprotoxique)
– Réduction des intrants
– Aucun intrant non-biologique dans les vins (à l’exception des sulfites, dont l’apport est très réduit)
Préserver l’écosystème sol– Limiter le travail mécanique du sol
– Réduction des intrants
– Éviter le passage de tracteur dans toutes les rangées (limiter le tassement)
Allonger la durée de vie des vignes et lutter contre les maladies du bois– Greffage en place
– Test de méthodes de taille alternatives
– Curetage du bois mort
– Remplacement des manquants
– Recépage des ceps de vigne atteints de maladies du bois
Changement de politique énergétique– Construction d’un puit canadien afin de réguler la température du chai
– Mise en place de panneaux photovoltaïques
– Limiter les passages de tracteur
– Eviter l’excès d’utilisation du chauffage et de la climatisation des chais
(Source : Domaine Mouscaillo)